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festival annonay 2012 - Page 2

  • PARKED de Darragh Byrne

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    FILM EN COMPETITION - IRLANDE

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    Fred a la cinquantaine et vit dans sa voiture sur un parking du bord de mer en Irlande. Après avoir travaillé en Angleterre, l'administration irlandaise ne lui accorde aucune indemnité ni aide sociale. Il rencontre Cathal un tout jeune garçon, drogué, rejeté par sa famille et tout aussi marginal que Fred. Malgré la grande différence d'âge les deux hommes vont s'épauler et affronter ensemble le quotidien

    L'amitié, la solidarité, la dénonciation de cette nouvelle forme de pauvreté qui hante de plus en plus nos villes d'Europe, l'interprétation touchante et convaincante de Colm Meaney et du jeune et formidable Colin Morgan sont les atouts indéniables de ce premier film dont la sincérité saute aux yeux.

    Hélas, passer après cet autre premier film qui parle du même sujet, qu'est "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun avec l'extraordinaire, la géniale Corinne Masiero n'est pas simple car la comparaison s'impose qui n'est pas en faveur du film irlandais. Hélas, au lieu de se concentrer sur la recherche de solutions vraisemblables et l'amitié des deux hommes, le réalisateur parasite son propos avec une invraisemblable et inutile historiette d'amour à laquelle on ne croit pas. Est-ce qu'une très jolie veuve bourgeoise peut être soudainement attirée par un SDF à tête de Droopy ? Il n'est pas interdit de rêver, certes... Mais la toute dernière image d'un homme qui enfin se jette à l'eau. Désolée mais MDR. Et puis encore une fois et comme le disait si justement Corinne Masiero, pourquoi un SDF devrait-il absolument être gentil, serviable, généreux et compréhensif ? Quand on est dans une merde noire sans nom comme Louise ou Fred, ne pas être "aimable", souriant et altruiste peut aisément se comprendre !

  • LA PASSION BERTRAND : LA VIE ET RIEN D'AUTRE...

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

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    En préambule à cette « leçon de cinéma », un film d’une quarantaine de minutes est proposé au public en présence de Bertrand Tavernier. En sortant du Théâtre, une fois encore comble, on a davantage le sentiment délicieux d’avoir participé à un voyage à travers la filmographie mais aussi la cinéphilie du plus boulimique cinéphile de nos réalisateurs français. Retrouver ou découvrir pour certains les extraits d’une quinzaine de films du réalisateur nous met face à une « œuvre » considérable qui permet de re-goûter à des répliques telles que « …le crétinisme galonné » ou encore « le rêve n’a pas de mappemonde », de re-découvrir le génie d’un acteur tel que Philippe Noiret… Mais il ne s’agit pas de brûler les étapes d’une après-midi qui s’est révélée passionnante car Bertrand Tavernier n’a pas son pareil pour transmettre sa fougue contagieuse à un public conquis et attentif.

    L’ironie du sort le fit naître à Lyon en 1941 dans la ville où naquit le cinéma. Dès 7 ou 8 ans le petit Bertrand adore qu’on lui raconte des histoires sur un écran puis rêver aux films qu’il y a vus. Vers 13 ans, c’est sans appel, en voyant « La Charge Héroïque » de John Ford, il décide qu’il fera du cinéma. Il vend des « critiques » à des journaux, crée lui-même un journal à la Sorbonne et rencontre rapidement Jean-Pierre Melville avec qui il sera très lié et notamment en tant que premier assistant sur « Léon Morin prêtre ». L’expérience lui semble déplorable car Melville est tyrannique et impitoyable sur un plateau, humiliant ses collaborateurs en public. Paralysé devant Melville comme le petit garçon qui haïssait les cours de maths et de « gym » qu’on lui imposait, Bertrand Tavernier se promet de ne jamais se comporter ainsi avec qui que ce soit. Si Melville s’enfermait dans son monde, vivait dans un appartement sans fenêtre, était insomniaque, Tavernier entend offrir un « cinéma de partage », des choses qu’il a découvertes, qui l’ont fait rire ou ému.

    Il accomplit son premier vrai « travail » de cinéma en réalisant la bande-annonce de « La 317ème section » de Pierre Schoendoerffer. Mais il est convaincu qu’il n’a pu réellement commencer à exercer son métier qu’après avoir découvert la vie : se marier, avoir des enfants. Et c’est par l’adaptation d’un roman de Simenon « L’horloger de Saint Paul » qu’il a transposé à Lyon (l’intrigue se déroulait aux Etats-Unis) pour l’enraciner dans du concret, retrouver les décors de son enfance qu’il démarre sa carrière. Aidé en cela par Philippe Noiret qui n’a jamais abandonné le projet contre l’avis même de son agent et les refus des producteurs et distributeurs.

    Evoquer la mémoire de Philippe Noiret : « Je lui dois tout » dit Tavernier, son ami de toute une vie, est une douleur qui le mène jusqu’aux larmes et fait passer un courant d’une tristesse insondable dans toute la salle. Avoir côtoyé cet homme, il l’affirme, a éclairé sa vie et fut un honneur.

    Engager Galabru « je ne voulais pas d’autre acteur que lui », qu’il a sublimé dans « Le juge et l’assassin » fut une autre rencontre géniale. Malgré quelques craintes face à la carrière chaotique et les films « débiles » de Galabru à qui certains réalisateurs donnaient pour seule consigne « tâche d’être très con ». Galabru aurait d’ailleurs demandé à Noiret : « Comment fait-on pour jouer dans un bon film ? » qui aurait répondu « Tu verras Michel, c’est très facile ! »

    Tavernier a la passion de découvrir des acteurs ; certains qui n’ont jamais joué tels Louis Ducreux, Dexter Gordon, ou des plus jeunes comme ceux de la troupe du Splendid, Nicole Garcia qui étaient tous dans « Que la fête commence » ou encore Marie Gillain. Il repère Philippe Torreton dans « Le malade imaginaire », admire l’improvisation et la grâce d’Isabelle Carré et Jacques Gamblin, est impressionné par ce que Mélanie Thierry propose dans son interprétation de « La Princesse de Montpensier ». Ses acteurs sont ses héros et sa façon de les diriger c’est aussi s’adapter à ce qu’isl proposent et pas seulement leur imposer sa vision.

    Sa prédilection pour les plans séquences vient du fait qu’il entend privilégier des scènes sans artifices, sans donner l’impression de manipuler l’émotion. La découverte du bébé qu’Isabelle Carré et Jacques Gamblin adoptent dans « Holly Lola » par exemple, s’est faite en un seul plan. La durée d’une scène n’est pas une « religion », elle fait partie de la dramaturgie et s’impose parfois pendant le tournage. La lenteur peut être belle. Il faut savoir affronter l’impatience du spectateur au lieu de l’anticiper en multipliant les plans fragmentés comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui. Evidemment le rythme est rapide mais cela rend le film impersonnel. Cela dit ne faire que des plans séquences serait aussi abstrait que d’écrire un roman sans ponctuation ! Le cinéma nous affirme encore Tavernier est comme la musique. Il y a des andante, puis on diminue le tempo.

    Lorsqu’on lui demande qu’elle est l’influence du cinéma américain sur son travail à lui qui a écrit « 50 ans de cinéma américain », il dit que ce cinéma a atteint l’over dose d’individualisme, qu’il est souvent le chantre du « chacun pour soi ». Un homme est souvent seul contre tous et peut changer le cours des choses voire les institutions. Il prend le contre-pied de ce fonctionnement et privilégie les combats collectifs, propose une fin ouverte dans ses films où peu de choses sont résolues. Les flics de « L627 », l’instit’ de « ça commence aujourd’hui » continuent leur chemin au-delà du film. On n’est pas obligés d’être en accord avec les personnages des films. En cela aussi Bertrand Tavernier veut se différencier de ce principe d’identification cher au cinéma américain qu’il admire tout en s’en démarquant.

    Cet amoureux du cinéma rêve de tourner sa « Lettre d’amour au cinéma français » comme Scorsese l’a fait pour le cinéma américain. Il l’affirme « ce sera partial, partiel et me permettrait de continuer à m’interroger sur le fait que celui que je considère comme un génie a pu écrire des lettres infâmantes concernant les juifs pendant la guerre ». Jean Gabin aurait dit de Jean Renoir « il m’a tout appris. Mais comme metteur c’était un génie, comme homme, une pute » ajoutant encore « quand on est le fils d’Auguste Renoir, on ne se fait pas naturaliser américain ».

    On reste bouche bée à écouter Bertrand Tavernier parler de cinéma. Intarissable, multipliant les anecdotes à propos des uns et des autres, son enthousiasme communicatif, son humour, son amour démesuré pour le cinéma ont fait de ses heures à l’écouter un des moments forts du festival. Evoquer Gabin qu’il aurait aimé « affronter » dans un film, mais aussi les « dialogues miraculeux » de Michel Audiard qu’il cite avec gourmandise : « sans l’invention des sulfamites elle aurait vérolé toute la Charente », « on faisait chambre commune et rêves à part ». Il donnerait tout pour que celui qu’il aurait envie « de serrer dans ses bras » pour avoir écrit de telles répliques  : « Quand on a épousé une banque on ferme sa gueule », « Je suis pour l’Europe des travailleurs contre l’Europe des actionnaires »…

    Bertrand Tavernier dit qu’il fait chaque film comme s’il s’agissait du premier. Que son bonheur est de continuer à rencontrer des gens. Que son enthousiasme est intact. Que chaque rencontre lui donne le sentiment d’être plus intelligent, qu’il en est chaque fois un peu plus ouvert. Qu’il apprend.

    Pour nous, chanceux qui avons rencontré Bertrand Tavernier, avons eu le bonheur de chanter du Bobby Lapointe au restaurant le midi, et partager quelques heures à l’écouter parler de notre passion commune, nous avons la certitude grâce à lui d’aimer encore un peu plus le cinéma aujourd’hui et de savoir pourquoi.

  • TOMBES DU CIEL de Philippe Lioret, LE SAUVAGE de Jean-Paul Rappeneau

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    Un premier film choisi par Bertrand Tavernier

    TOMBES DU CIEL de Philippe Lioret (1993)

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    Arturo Conti revient en France, dans la salle d'embarquement au Canada, il s'est fait voler son sac, ses papiers et ses chaussures. A la douane de l'aéroport de Roissy, ne pouvant prouver son identité, il est contraint de rester en zone de transit. Il va rencontrer des personnes étonnantes qui sont dans la même situation que lui depuis plusieurs mois voire plusieurs années. Un petit garçon guinéen, un français, une sud américaine et un africain à la nationalité indéterminée. Dans cet endroit nommé "sous douane" on est nulle part, on est personne, on n'existe pas.

    Bertrand Tavernier a choisi ce film, le premier de Philippe Lioret car il propose selon lui un cinéma qui donne à voir une humanité dont on parle peu. C'est un film qui parle de solitude avec infiniment de douceur et de bienveillance.

    En ce qui me concerne je trouve que si le film permet de voir une fois de plus un Jean Rochefort prodigieux, aristocrate parmi les clandestins, il a rarement la force de son propos. J'ai trouvé le traitement "gentillet" et pas suffisamment militant. Néanmoins, le charme, le ton toujours décalé de Jean Rochefort, la présence de Ticky Holgado complètement naïf, la complicité qui s'installe avec le petit garçon en font un spectacle recommandable.

    Toujours prompt à narrer des anecdotes, Bertrand Tavernier nous parle de Philippe Lioret qui fut ingénieur du son avant de devenir réalisateur. Et le cauchemar de tout ingénieur du son est : L'AEROPORT. Tavernier pense que Lioret doit être masochiste de s'être imposé un tel défi pour son premier film, de tourner dans un aéroport.

    Il considère en outre qu'il y a une unité indéniable et une cohérence dans la filmographie de Philippe Lioret et qu'il s'agit d'une oeuvre "amicale".

    LE SAUVAGE de Jean-Paul Rappeneau

    A L'AVENTURE

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    Terminer la journée par ce film trépidant permet de ne pas céder à la fatigue qui commence à se faire largement sentir. Retrouver Nelly, emmerdeuse volcanique qui vient pourrir l'île et la vie de Martin qui s'est retiré du monde, est un pur moment de bonheur. La version restaurée en numérique est éclatante, Catherine Deneuve est sublime de beauté, de dynamisme et drôlerie, une véritable reine de comédie, et Yves Montand d'une séduction insensée, forcément irrésistible dans le rôle du mufle qui cherche à se débarrasser de l'envahissante tornade.

  • LE GRAND'TOUR de Jerôme Le Maire

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    A L'AVENTURE

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    Être ou de pas être… belge !
    La « belgitude » est une identité nationale unique au monde ! Ce que le réalisateur du film « Le Grand’Tour » Jérôme Le Maire qui a rencontré le public à l’issue de la projection nous confirme. Il faut en effet avoir un grain de folie profondément enraciné en soi pour décider un jour de larguer les amarres, tout quitter et s’en aller sur les chemins à travers bois, vêtus de rouge de la tête aux pieds équipés d’instruments de musique de fanfare. C’est ce que décide un jour une bande de dix gamins tous plus barrés les uns que les autres de 35 à 45 ans qui à l’initiative de Vincent quittent leur village ardennais pour se rendre au « carnaval du monde » de Stavelot. Le voyage qui ne devait durer que quatre jours s’est finalement prolongé sur plusieurs mois. L’aventure festive très singulière s’est transformée en une histoire humaine unique, d’amitié, d’amour, d’intenses et profondes réflexions sur soi et sa place dans le monde. Le délire initial se charge peu à peu de mélancolie voire de métaphysique. Commencé dans le bruit et la fureur des instruments à percussion, copieusement arrosé de bière dès le réveil, rehaussé de toutes sortes de substances qui se fument et se sniffent, la folle équipée un peu sauvage évolue vers une forme de quête du silence. Le film qui offre mille occasions d’hurler de rire avance peu à peu vers une mélancolie inattendue et finit par serrer le cœur.
    Jérôme Le Maire évoque ce tournage épopée de quatre années et ses 28 semaines de montage. Le but initial était d’aller de village en village ardennais et de participer à des fêtes avec cette fausse fanfare qui ne compte aucun musicien mais de joyeux lascars rarement à jeûn qui font du bruit avec des instruments. Le film se construisait peu à peu et les péripéties intervenaient au fur et à mesure du « voyage » passant imperceptiblement de l’univers potache, d’un grand « porte nawak » à la mélancolie. Le réalisateur avait en tête de faire un film sur la fête et la fin de la fête. Pourquoi fait-on la fête et jusqu’où aller ? Prendre son temps fut un luxe qui permit en outre de laisser libre court à la spontanéité et à l’improvisation. Et si aucun protagoniste du film n’était acteur au départ, certains le sont devenus en court de route. Néanmoins ce que préfère Jérôme Le Maire, ce sont justement les comédiens amateurs, dont on ne sent pas le « jeu » (« je » ?). C’est ce qui donne au film cette singularité qui semble surfer entre la réalité et la fiction sans qu’on en trouve souvent la frontière.
    Le réalisateur insiste enfin sur le bonheur d’avoir des producteurs « barjots » qui ont permis au film d’engager une « tournée » comme un groupe de rock. L’équipe a donc circulé et redécouvert le pays en organisant des projections très particulières où les spectateurs participaient allègrement à la fête !
    Jérôme Le Maire a depuis initié un nouveau projet et tourné un documentaire au Maroc, pays qu’il connaît bien. Il retrace l’arrivée de l’électricité dans un village marocain, l’attente et l’appréhension des villageois. Convaincus que nous sommes à présent de l’originalité et du non-conformisme du réalisateur, nous avons hâte de découvrir la façon dont il a traité cette nouvelle aventure humaine !

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  • SEBBE de Babak Najafi

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    FILM EN COMPETITION - SUEDE/FINLANDE

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    Sebbe (Sebastian) 15 ans est le souffre douleurs de ses copains au collège. Ses relations conflictuelles avec sa mère, un peu dépressive, un peu alcoolique ne l’aident pas à « faire le deuil » de son père. Souvent seul puisque sa mère travaille de nuit et dort le jour, Sebbe n’a personne à qui se confier et occupe son temps à récupérer des objets pour en construire d’autres plus étonnants les uns que les autres.

    Dans une cité sinistre et dans un style qui n’est pas sans évoquer Ken Loach ou les frères Dardenne, le réalisateur d’origine iranienne vivant à Stockholm nous secoue énergiquement avec ce portrait émouvant d’une enfance malmenée. Sans être victime de maltraitances de la part de sa mère pourtant inapte à s’occuper de son fils, Sebbe, petit ange blond (le jeune acteur Sebastian Hiort af Hornäs est formidable !) délaissé, houspillé, brutalisé parfois est néanmoins la proie facile d’injustices et de cruauté de la part de tous ceux qui l’entourent. Son calme n’a cependant rien à voir avec de la résignation et sa soudaine détermination à mettre un terme aux tourments et épreuves qu’il endure, donne brusquement au film une intensité nouvelle, une tension qui met les nerfs à rude épreuve. L'assurance d’un avenir plus radieux pour Sebbe contraint seul à trouver des solutions n’est pas garanti mais pas impossible non plus.

     

  • RUE DES CITES de Carine May et Hakim Zouhani

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    1er FILM. HORS COMPETITION

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    Dans le cadre d'un partenariat entre L'ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) et le dispositif « Passeurs d’images » à vocation culturelle et sociale, le festival des jeunes issus de toute la Région Rhône Alpes. Le film « Rue des Cités » leur est projeté, suivi d’une rencontre avec les réalisateurs Carine May et Hakim Zouhani et d’un des acteurs Tarek Aggoun.

    Sur une trame minimaliste : une journée ordinaire dans une ville de banlieue, les réalisateurs suivent Adilse, jeune homme de 20 ans glandeur professionnel et tchatcheur incorrigible. Ils évoquent ses relations avec sa famille, son meilleur ami et quelques difficultés auxquelles il aura à faire face en ce jour précis. Dans un noir et blanc soigné qui donne à la ville et à ses immeubles déshumanisés un aspect irréel, les rendant intemporels, les réalisateurs établissent des passerelles entre les générations et insèrent des morceaux d’interviews des habitants d’Aubervilliers de tous âges qui éclairent le spectateur sur la façon dont chacun vie sa ville. La « langue » des banlieues est un personnage à part entière. C’est elle qui donne au film son rythme, son humour et son charme irrésistible. La scène où un copain d’Adilse lui explique qu’il s’est rendu sur la tombe de Jacques Mesrine avec un bouquet de fleurs après avoir vu le film à la télé est absolument hilarante. Elle le serait sans doute moins si elle n’était racontée dans ce jargon à l’accent si particulier très caractéristique et fleuri que les jeunes emploient aujourd’hui. Si les garçons semblent relativement démunis face à un avenir incertain, les filles au contraire sont particulièrement positives et prennent leur destin en mains avec une grande détermination.

    Les réalisateurs et l’acteur, tous trois d’Aubervilliers, posent un regard bienveillant sur leur ville, sans indulgence ni misérabilisme. En effet, Carine May est toujours institutrice en maternelle rue des Cités précisément. Le réalisateur Hakim Zouani a été quant à lui animateur socio-culturel dans la cité où il a rencontré Tarek Aggoun qu’ils ont choisi comme acteur principal. Il continue aujourd’hui à s’occuper de la formation des jeunes à l’audio-visuel. Ils tiennent à montrer la vie et les projets qui bouillonnent même en banlieue, loin des clichés axés sur la délinquance. Concernés et impliqués, ils nous offrent un film humain et généreux d’une honnêteté indiscutable. Le tournage d’un court et d’un long métrages de fiction du désormais indissociable duo nous assure que nous allons pouvoir continuer à suivre le travail prometteur de Carine et Haki, et souhaiter que Tarek trouve des réalisateurs qui l'engagent.

    Ils sont par ailleurs tous les trois vraiment sympathiques !

     

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